Tu seras une femme, ma fille
Si tu peux, sans criailler, te faire un brushing bien tiré,
Si chaque matin, te maquiller, pour toi n’est plus une corvée,
Si tu peux rester ferme, sans faille et sans pitié,
Devant le gros bouton que tu as sur le nez,
Si tu peux supporter d’entendre, railleries, paroles déplacés,
De la bouche de la drôle d’engeance, celle qu’on appelle « les hommes »
Qui n’ont pas fait l’erreur de croquer dans un pomme
Préférant sans détours un match à la télé.
(mais on les aime quand même)
Si tu sais, réfléchir, penser, philosopher,
Tout en pouvant conduire, repasser, travailler,
Pleurer pendant des heures, devant un film niais,
Et te dire que c’est bon, parfois de bien pleurer.
Si tu peux disséquer, tes sentiments sans cesse
Et faire défiler des scénarios dans ta tête
Chercher à tout savoir, toujours
Et tout le temps,
Alors, les rires, les larmes, les hommes et les drames
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut mieux que les larmes et les calamités,
Tu seras une femme, ma fille